VOID
2004-
Une forme universelle dans l’inconscient collectif.
La forme du Void remonte aux toutes premières créations de l’humanité, à la boule d’argile que l’on retrouve dans les cultures anciennes. Parfois, en l’absence de lien immédiat entre nos mains et nos pensées, nos doigts ont tendance à agir librement, à saisir en toute autonomie un matériau malléable (cire, mie de pain, argile, papier etc...) pour le pétrir avec les pouces et les index et le faire rouler sur lui-même avec le plat de la main dans un mouvement rotatif.
La boule ainsi formée, évolue le plus souvent pour occuper le volume d’espace vide entre quatre doigts. Les doigts deviennent naturellement le moule et l’énergie est alors matérialisée dans une forme récurrente et libératrice. La sphère mute en tétraèdre lisse et cintré, quasi identique dans toutes les mains.
De façon toute aussi inconsciente, un nouveau mouvement des doigts transforme généralement ce tétraèdre en une figure mathématique aussi “primaire” que la sphère: un cube. Ce geste primal conjugue les contraires : l’inconscient et les mathématiques et indépendant de l’individualité, il renvoie à l’intériorité. C’est la forme transitoire et complexe du tétraèdre, dissimulée par les doigts que nous cherchons à faire émerger, “à faire remonter à la surface”.
Je présente la forme Void à travers des sculptures en différentes matières (céramique, bronze, argent, inox, tissus) et organise des ateliers dans lesquels j’invite les participants a faire des Voids, à faire émerger au niveau de leur conscience cette forme enfouie dans l’inconscient collectif.
Via des formulaires en plusieurs langues, je collecte des témoignages auprès de personnes issus de différents pays ou cultures sur leur expérience liée à ces formes produites inconsciemment. Je répertorie ainsi les variations dans les matières généralement employées, les circonstances dans lesquelles elles se manifestent et les traces qu’elles laissent dans la mémoire.

Étapes de formation d'un Void.
